Texte de l’intervention de la CGT à l’AG de Toulouse le 13/12/2013

Bonjour  à toutes, bonjour à tous,

Je suis Michel Molesin,  je vais vous parler au nom des syndiqués CGT. Je suis délégué syndical et représente la CGT au comité européen EADS.

Notre syndicat veut insister sur 3 points.

Premièrement, Monsieur Enders, dans son courrier aux salariés, reproche les propos syndicaux qui accusent la direction et les actionnaires de procéder à une réduction d’effectif uniquement motivée par leur avidité aux profits.

Ne lui en déplaise, la CGT assume, persiste et signe. Oui, cette restructuration est uniquement motivée par la volonté d’améliorer coûte que coûte la profitabilité et non comme la direction veut nous le faire croire pour améliorer la compétitivité.

Sinon comment expliquer que deux jours seulement après le comité européen, le groupe EADS, complètement décomplexé, puisse faire une déclaration publique en direction des sacro-saints marchés pour leur annoncer une politique de dividende encore plus ambitieuse. L’action a gagné 7% ce jour-là. Du pur cynisme. Quel dégoût !

Depuis le début de l’année, vous le savez, la diminution de la part des Etats et le retrait des actionnaires de référence Daimler et Lagardère du capital d’EADS, qui au passage ont réalisé de colossales plus-values en amputant de plusieurs milliards la trésorerie du groupe, met le groupe sous la tutelle des spéculateurs et des profiteurs boursiers.

Leurs objectifs sont simples du profit, du profit et encore du profit à court terme.

Pour satisfaire cette boulimie, la direction veut  tailler dans les effectifs et par voie de conséquences durcir les conditions de travail (j’y reviendrai). Disons-le tout net, la spéculation et les profits court terme, sont incompatibles d’une industrie où les retours sur investissement se jouent sur de longues périodes.

Le Groupe EADS et Astrium se portent bien. Les chiffres sont là. Toutes les branches du groupe sont bénéficiaires et toutes possèdent des plans de charge pour plusieurs années.

Pour Astrium, en particulier, comment justifier que nous ne serions pas compétitifs quand notre carnet de commandes augmente y compris grâce à des contrats commerciaux ou à l’export ? Oui, Astrium est en bonne santé et est bénéficiaire. Et, c’est mieux en le disant, c’est grâce au travail des salariés et non grâce au cours de l’action EADS en bourse. Notre travail n’est pas un coût, il est le créateur des richesses. L’action a eu beau doubler de valeur entre le début et la fin de l’année, cela n’a rien amené à EADS. Notre travail, si.

Alors oui, parlons compétitivité. Améliorer la compétitivité, c’est améliorer nos produits. Cela passe par une augmentation des budgets R&D au lieu de les comprimer comme en 2013 dans Astrium, contrairement à ce que la lettre de Monsieur Enders pourrait laisser croire. C’est par là que nous assurerons notre avenir.

Bien sûr la direction veut absolument éviter le débat sur la véritable situation économique du groupe et de l’entreprise. Elle masque les chiffres. Elle veut nous entrainer dans une acceptation tacite du plan social qui serait comme inéluctable. Elle veut engager les syndicats à ne parler que de l’accompagnement social de ce PSE dévastateur. Pour la CGT, avant de discuter de la mise en place d’amortisseurs sociaux, il faut que la direction nous démontre, chiffres à l’appui, POURQUOI la sauvegarde de l’entreprise passerait par des destructions d’emplois ou par une dégradation des conditions de travail. Et, disons-le, on est loin d’avoir des explications…

Pourtant avec le déclenchement du compte à rebours prévu par l’accord de méthode EADS qui réduit réellement nos capacités de contestation, le PSE pourrait être complètement bouclé le 27 mars !

Deuxièmement. La CGT veut attirer particulièrement l’attention des salariés sur les graves conséquences qu’aurait un tel plan s’il était mené à bien. Déjà aujourd’hui, de nombreux salariés sous-traitants en ingénierie ne sont pas reconduits et comme il en est de même chez Airbus, les licenciements et les ruptures de contrats commencent à tomber dans les sociétés de services et là c’est du brutal, sans même de plan social. Les licenciements secs, il y en a déjà !

Alors que le travail est là, la diminution du nombre de sous-traitants et à terme de salariés au statut entraineraient automatiquement des surcharges de travail pour tous les autres salariés. Déjà, chaque année, nous mesurons une montée du stress et maintenant des burn out professionnels. Que se passerait-il si on laisse intensifier encore un peu plus le travail ? Veut-on laisser s’aggraver un peu plus les situations de souffrance au travail ?

La direction agite la menace des licenciements secs pour faire accepter l’idée qu’une solution moins violente serait acceptable. Et voilà qu’elle sort du chapeau les accords compétitivité / emploi. Je le rappelle ces accords permettent d’augmenter le temps de travail (par exemple en supprimant des RTT) et / ou de baisser les salaires (par exemple en supprimant le 13ème mois ou la part fixe de la prime annuelle). La ficelle est grosse. Etes-vous prêt à accepter ce sordide chantage pour uniquement augmenter les dividendes des profiteurs boursiers ?

Pour la CGT, c’est non !

Troisième et dernier point que l’on veut souligner : ce sont les responsabilités des uns et des autres.

La 1ère responsable,  bien sûr, c’est la direction générale qui applique une stratégie au service des seuls intérêts des actionnaires. Je n’y reviens pas.

La 2ème responsabilité incombe directement aux états européens et notamment aux pouvoirs publics français. Malgré leurs désengagements successifs, l’état français est encore actionnaire du groupe. Les ministères et les agences publiques sont aussi des clients majeurs du Groupe. Les pouvoirs publics accordent à EADS et Astrium aides, subventions, exonérations et autres crédits d’impôts. Les pouvoirs publics peuvent-ils laisser supprimer des emplois dans une filière stratégique et en croissance ? Dans la situation de chômage que connaissent les états européens vont-ils rester passifs dans cette casse de l’emploi ? Quels débouchés va-t-on laisser à nos jeunes ? L’Etat doit prendre toutes ses responsabilités et faire jouer tous ses leviers pour préserver les intérêts d’une filière qui s’est construite par la volonté politique grâce aux efforts consentis par tous via nos impôts. Si l’Etat veut réellement redresser la courbe du chômage il ne peut laisser détruire impunément des emplois dans une industrie qui ne connait pas la crise et dans un groupe richissime.

En conclusion, nous, salariés et syndicats, nous avons aussi des responsabilités. Nous devons avant tout agir pour défendre notre industrie, pour défendre nos emplois actuels et ceux de demain. Il nous faut agir pour améliorer nos conditions du travail et faire reculer la souffrance au travail. Si on se contente de le demander poliment, la direction ne nous écoutera pas. Il faut en passer par des mobilisations. Ces mobilisations doivent avoir pour objectif de ramener à la table des discussions, tous les protagonistes, direction, pouvoirs publics et représentants des salariés pour parler du développement de notre industrie et enterrer ce projet scandaleux.

La CGT se prononce pour la construction d’actions et de mobilisations dans l’unité syndicale la plus large possible que ce soit au niveau local, national et européen. Les mobilisations ne s’opposent pas, elles se renforcent les unes les autres.

La CGT met en débat de cette assemblée de salariés la proposition d’une première mobilisation à l’occasion du prochain CE le vendredi 20 décembre. Nous devons montrer que nous n’acceptons pas sans broncher ce PSE scandaleux.

Vous pouvez en être sûrs, la CGT s’engage à mettre toutes ses forces et tous ses moyens pour exiger le retrait de ce plan mortifère.

Ne nous contentons pas d’un possible ZERO licenciement, comme l’on voudrait nous y pousser gentiment. Nous sommes légitimes à exiger qu’il y ait ZERO suppression de postes.

Je vous remercie de votre attention. La parole est à vous.

AG131213

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